Dévoilement du monument et de la plaque de la Bienheureuse Mère Marie-Léonie le 11 septembre 2005.
Lors d'une belle journée à Memramcook, au-delà de 350 personnes assistaient au dévoilement du monument et de la plaque dédiés à la Bienheureuse Mère Marie-Léonie. Par cette cérémonie, on culminait le travail d'arrache-pied d'un comité de quatre personnes. Ce projet s'est finalement réalisé grâce à la persévérance et à la ténacité de Bertille Demers. Une année avant la création du comité, Bertille Demers s'est mise au travail par la recherche, l'assemblage de documents et la correspondance avec la Maison-Mère des religieuses de la Congrégation Sainte-Famille située à Sherbrooke au Québec. Elle a lancé une invitation au grand public pour mettre en place un comité. Marie-Stella Gaudet, Germaine Cormier et Dollard Dupuis ont répondu à l'appel. Ces derniers se sont mis à la recherche de fonds. Les services de l'artiste Claude Roussel ont été retenus pour la création d'un buste qui fait partie du monument dévoilé dimanche. Mgr André Richard en a fait la bénédiction (extrait d'un article du journal L'Étoile, par Roméo LeBlanc, paru le 17 septembre 2005).
Le buste à l'effigie de la Bienheureuse Mère Marie-Léonie a été fabriqué de bronze et sa base en pierre de granite. Le monument a une hauteur approximative de 2,65 mètres, soit environ 9 pieds.
La photo ci-dessous illustre le monument de Mère Marie-Léonie avec, à l'arrière-plan, l'ancien couvent des Petites Soeurs de la Sainte-Famille et, à l'avant-plan, le panneau d'interprétation, préparé par la Société historique de la Vallée de Memramcook, qui donne l'historique de Mère Marie-Léonie et de la congrégation des Peties Soeurs de la Sainte-Famille.
Le texte du panneau d'interprétation est reproduit dans les lignes qui suivent.
Née à L'Acadie, au Québec, le 12 mai 1840, fille de Joseph Paradis et d'Émilie Grégoire, celle qui allait devenir la fondatrice des Petites Soeurs de la Sainte-Famille fut baptisée Élodie-Virginie, mais était communément appelée Élodie.
Dès février 1854, Élodie entre comme postulante chez les Soeurs Marianites, la section féminine de la Congrégation de Sainte-Croix, et prononce ses voeux le 22 août 1857. Jusqu'en 1862, elle s'adonne à l'éducation dans la région de Montréal, puis on la retrouve à New York, à l'Orphelinat Saint-Vincent-de-Paul. En 1870, elle choisit de passer à la section américaine des Soeurs de Sainte-Croix à Notre-Dame, Indiana.
En 1872, le père Camille Lefebvre, c.s.c., en sa capacité de supérieur provincial, doit se rendre à Notre-Dame, Indiana, pour le chapitre général de sa congrégation. Durant son séjour, il remarque qu'il existe là une communauté de religieuses vouées aux travaux domestiques et reconnaît que « de telles soeurs feraient du bien en Acadie ».
Le P. Lefebvre entreprend des démarches pour faire venir à Memramcook des membres de cette communauté qui pourraient s'occuper des travaux domestiques au Collège Saint-Joseph dont lui-même est le supérieur. C'est ainsi qu'en septembre 1874, quatre soeurs quittent l'Indiana pour venir à Memramcook, mais ce sont quatre novices qui ne parlent pas le français.
Dès le mois suivant, suite à d'autres instances de la part du P. Lefebvre, soeur Marie-Léonie et soeur Marie-Philomène arrivent à Memramcook pour se joindre aux quatre américaines. C'est à soeur Marie-Léonie que l'on donne la direction de la nouvelle communauté tandis que soeur Marie-Philomène prend en charge l'infirmerie.
Au début, il y a très peu d'espace pour les accueillir. Le vieux presbytère paroissial en bois sert à la fois de couvent et d'infirmerie à l'étage, et de buanderie et de lingerie au rez-de-chaussée où l'on aménage également une modeste chapelle de huit pieds carrés. Deux ans plus tard, alors qu'un nouvel édifice en pierre est inauguré pour le Collège Saint-Joseph, la petite communauté de soeurs peut déménager dans le vieux collège qui servira maintenant de couvent.
Bientôt émerge l'idée de fonder une communauté pour le service des collèges, mais l'approbation canonique se fait attendre de l'évêque de Saint-Jean. Finalement, le 31 mai 1880, P. Lefebvre, à son retour du chapitre général en France, émet l'attestation suivante : « Je soussigné atteste par les présentes que sur les explications par moi données au Chapitre général de la Congrégation de Sainte-Croix, tenu le dix-huit avril 1880, au collège de Neuilly, France, près Paris, le susdit chapitre permet l'existence d'une congrégation de femmes, connues sous le nom de Petites Soeurs, vouées au service matériel des maisons des religieux de Sainte-Croix en la Province du Canada... ». L'attestation spécifie également que les Petites Soeurs auront pour patron la Sainte Famille et à partir de ce jour elles seront connues comme les Petites Soeurs de la Sainte-Famille.
La nouvelle communauté connaît un essor inespéré et plusieurs jeunes Acadiennes y revêtent l'habit au cours des années qui suivent. Pendant ce temps, afin de pouvoir loger cette communauté grandissante, l'édifice du vieux collège sera agrandi et rénové, donnant l'apparence d'un couvent moderne. Ce couvent, devenu la proie des flammes en 1933 lors de l'incendie qui détruisit le Collège Saint-Joseph, fut remplacé par un nouvel édifice qui existe encore aujourd'hui.
Bien qu'ayant reçu l'approbation du chapitre général des religieux de Sainte-Croix, la nouvelle congrégation ne recevra jamais celle de l'évêque de Saint-Jean. Ce n'est qu'en 1895 que Mgr Larocque, évêque de Sherbrooke, s'entend avec Mère Marie-Léonie pour donner son appui épiscopal. Cela signifiait que Mère Marie-Léonie devait quitter Memramcook pour aller établir la maison mère et le noviciat de sa congrégation à Sherbrooke. À son départ, cette même année, elle s'exprime ainsi : « Je ne croyais pas mon coeur si attaché à Memramcook. » Ce départ attriste grandement la population de la Vallée ainsi que les soeurs de sa communauté qui continueront leur œuvre au Collège Saint-Joseph pendant plusieurs années.
La reconnaissance officielle de la communauté des Petites Soeurs se fit le 26 janvier 1896, l'avant-veille de l'anniversaire de la mort du P. Lefebvre, et jour de la fête de la Sainte-Famille. Mère Marie-Léonie avait alors pu dire : « Notre Père Lefebvre est plus puissant dans l'autre vie qu'il ne l'était ici-bas ».
Depuis son arrivée à Memramcook, Mère Marie-Léonie avait toujours continué de porter le costume des religieuses de Sainte-Croix, et en 1905 le pape Pie X lui permet de revêtir l'habit religieux des Petites Sœurs, habit qu'elle portera pendant sept ans jusqu'à sa mort, le 3 mai 1912.
Durant toute sa vie, Mère Marie-Léonie fut une personne compatissante qui se penchait sur toute misère humaine, tâchant de soulager et de consoler. Sa dévotion demeure toujours vivante dans le cœur des gens qui l'ont connue et qui ont transmis à leurs descendants les échos de sa vie de fidélité à l'appel reçu. Elle allait à Dieu avec la confiance d'un enfant, son esprit de foi lui faisant voir et servir le Christ dans la personne du prêtre.
Mère Marie-Léonie fut la première personne à être béatifiée à Montréal lors d'une cérémonie présidée par le pape Jean-Paul II, en 1984, alors qu'on l'a appelée « humble parmi les humbles ».
Par ce monument, Memramcook veut honorer et se rappeler de celle qui, dans la dignité du service désintéressé, a fondé sa communauté religieuse dans cette vallée enchanteresse. La bienheureuse Marie-Léonie continue aujourd'hui d'exaucer les prières de ceux qui l'implorent.